« Si j’avais aujourd’hui à poursuivre mes recherches sur Notre-Dame,
j’étudierais sa situation comme monument dans le contexte du romantisme,
et plus particulièrement en tant qu’une des trois grandes fantaisies
romantiques présentées au public en trois années consécutives :
l’église Notre-Dame d’O’Donnell en 1829, la Symphonie Fantastique
d’Hector Berlioz en 1830 et Notre-Dame de Paris de Victor Hugo en 1831. »
- Franklin Toker -
The Church of Notre-Dame in Montréal : An Architectural history, the 2nd Edition, Montréal, McGill-Queens University Press, p. xx, 1991.
La construction
du bâtiment (1824-1829)
Pour construire cet édifice long de 77 m et large de 41 m, O’Donnell eut recours
à quatre équipes : une de tailleurs de pierre, une de maçons, une de charpentiers
et une de forgerons. En période de pointe, à l’été, près de 250 ouvriers travaillaient
au chantier. La construction des murs, d’une épaisseur de 1,5 m,
fut terminée en 1826.
À l’automne 1826, on érigea les troncs d’arbres de 14 m de hauteur formant
les 16 colonnes de la nef (atteints de pourriture sèche, les troncs d’arbres furent
remplacés en 1962 par un noyau de béton armé mais les revêtements d’origine
furent conservés). Les galeries furent mises en place. On posa ensuite le plancher
en bois qui accuse une dénivellation d’un mètre vers le sanctuaire. Le toit, considéré
comme un chef d’œuvre d’ingénierie, ne fut posé et couvert qu’en 1827.
En 1828, on fit venir de New York le fresquiste italien Angelo Pienovi et on engagea
aussi un entrepreneur local, John Doherty, pour peindre colonnes, plafonds, portes
et boiseries. En octobre, on ouvrit une compétition aux sculpteurs pour l’exécution
du retable d’après les dessins d’O’Donnell; le contrat fut attribué au sculpteur
Paul Rollin (1789-1855) qui termina son travail en 1830, soit après l’inauguration
de l’église le 7 juin 1829. Notre-Dame peut accueillir aujourd’hui
près de 3 000 personnes assises.
La construction des tours
et les cloches (1841-1848)
Une fois la construction terminée en 1829, l’église resta sans ses clochers
pendant plus de dix ans faute de moyens financiers. Sous la direction de l’architecte
John Ostell, et d’après les plans d’O’Donnell, la tour ouest,
nommée La Persévérance, fut complétée en 1841. Depuis 1848, elle abrite une
des plus célèbres cloches du monde, le bourdon Jean-Baptiste, qui pèse 10 900 kg
et provient de la Whitechapel Bell Foundry, en Angleterre.
« Le son du bourdon Jean-Baptiste, écrivait Olivier Maureault, curé de 1926
à 1929, reste toujours aussi vibrant, aussi solennel, aussi puissant :
on l’entend jusqu’à la montagne de Saint-Hilaire (à 34 km de distance). »
La tour est, nommée La Tempérance, fut complétée en 1843 et abrite depuis cette
année-là un carillon de dix cloches provenant de la même fonderie.
En 1865, on compléta la façade en y installant trois grandes statues de saint Joseph,
de l’Immaculée Conception et de saint Jean-Baptiste.
Elles furent moulées en ciment par le statuaire Gaetano Baccerini d’après
des modèles en plâtre du sculpteur Charles-Olivier Dauphin (1807-1874).
Élevée au rang
de basilique mineure
Le 21 avril 1982, l’église Notre-Dame
de Montréal fut élevée au rang
de basilique mineure par un bref
apostolique du pape Jean-Paul II.
On a voulu ainsi reconnaître l’importance
religieuse, historique et artistique de
Notre-Dame, qui est l’un des joyaux les plus
prestigieux du patrimoine québécois.
Un lieu de prière
et de célébration
Lieu de prière et de célébration du culte catholique, Notre-Dame a toujours été
le théâtre de grands événements qui ont marqué l’imaginaire des Québécois.
C’est là qu’au cours du Congrès eucharistique international de 1910, de nombreux
orateurs prirent la parole, de Mgr Francis Bourne, archevêque de Westminster,
au nationaliste canadien-français Henri Bourassa. Depuis 1918, c’est là que l’on
célèbre chaque année, au mois de mai, les fêtes commémoratives
de la fondation de la ville, sous l’égide de la Société historique de Montréal.
C’est là qu’eut lieu, le 11 septembre 1984, la visite du pape Jean-Paul II aux enfants
de Montréal. C’est là que furent célébrés le mariage du joueur du hockey
Mario Lemieux et celui de la chanteuse Céline Dion. C’est là que se déroulèrent
les funérailles du premier ministre du Canada sir George-Étienne Cartier en 1873,
du premier ministre du Québec Robert Bourassa, du cardinal Paul-Émile Léger,
du maire de Montréal Jean Drapeau, du légendaire Maurice Richard
et de l’ancien premier ministre du Canada Pierre-Elliott Trudeau.
Un lieu
d’histoire
Lieu d’histoire, Notre-Dame a été
désignée en 1989 comme lieu
d’importance historique nationale
par la Commission des lieux
et monuments historiques du Canada.
Au cœur de l’arrondissement historique
du Vieux-Montréal, elle en est
l’un des jalons les plus remarquables.
Un lieu
de culture
Lieu de culture, Notre-Dame,
grâce à son excellence acoustique,
est très fréquentée par les mélomanes
qui viennent y entendre des concerts
d’orgue et de chant choral ainsi
que l’Orchestre symphonique de
Montréal, qui s’y produit régulièrement.
Un lieu
de tourisme
Lieu de tourisme, Notre-Dame attire
chaque année des centaines de milliers
de visiteurs venus du monde entier
qui y retrouvent paix, harmonie
et sérénité en même temps
qu’une occasion de prendre contact
avec l’histoire religieuse du Québec.
Un lieu
avec diverses activités
Par les diverses activités organisées à Notre-Dame, soit sur une base régulière
avec les visites guidées, soit ponctuellement avec des expositions
comme « Saint-Pierre et le Vatican : l’héritage des papes » à l’été 2005,
« À la vie, à la mort » en 2012, « Les trésors de Napoléon » en 2014
ou avec le premier spectacle multimédia « Et la lumière fut » en 2001, la basilique
évolue au rythme de la société montréalaise et continue à susciter l’intérêt.
L’architecte James O’Donnell avait raison d’écrire aux marguilliers de Notre-Dame
en 1827 : « Messieurs, ayez bien dans l’esprit que vous n’élevez pas une construction
temporaire, mais plutôt que vous érigez un édifice qui jettera de la gloire sur vous,
sur votre assemblée et votre pays… je vous assure que l’histoire de votre église sera
transmise aux générations futures ».
Même entourée de gratte-ciel, la basilique Notre-Dame impose toujours sa présence
matérielle et symbolique. Comme tout grand ouvrage, elle reflète admirablement
le talent des architectes, des artistes et des artisans qui l’ont rêvée, conçue et construite.
Elle continue à représenter la foi et les valeurs des fondateurs, des bâtisseurs
et des premières âmes de la paroisse de Montréal, tout en constituant aujourd’hui un
havre de paix dans la cité, ouvert à toutes et à tous. Par un beau matin ensoleillé,
un groupe de touristes visitent la basilique. Recueilli au pied de la Chaire de Vérité,
l’un d’entre eux rédige une carte postale. Quel pourrait bien en être le message.
Comme dans tout bon récit, l’imagination vole à notre aide et nous permet
de voir : ‘’Notre-Dame…quel lieu inspirant!’’.
Prenez part à la conservation de ce joyau patrimonial.